Des études, en ce moment, ce n'est pas ce qui manque. Mais pourquoi s'intéresser au sperme ? Ces deux équipes de chercheurs ne se sont pas penchése sans raison sur cette hypothèse de transmission sexuelle : d’autres virus comme Ebola, Zika et d'autres agents pathogènes viraux émergents, sont sexuellement transmissibles. Le SRAS-Cov-2 l'est-il lui-aussi ? Le doute demeure même si les risques paraissent minimes, selon les chercheurs. 

Un échantillon trop faible pour être fiable

Cette étude, publiée jeudi 7 mai 2020 dans le Journal of American Medical Association et actant de la présence de virus dans le sperme de 16% des hommes testés, a bénéficié d'un intérêt certain, notamment du grand public, car elle touche à l'intime. Ces hommes avaient été hospitalisés à  Shangqiu, dans la province du Henan, au nord-est de la Chine.  Deux d'entre eux avaient passé la phase aiguë de la maladie et étaient considérés comme en rémission.

Comme toute étude qui se respecte, celle-ci tient compte de facteurs de doute, et notamment la faible taille de l'échantillon des hommes testés. «D'autres études seront nécessaires pour mieux comprendre la durée de vue du virus dans le sperme et les conditions de sa transmission ​»  soulignent les auteurs de l'étude. Le sperme analysé avait été prélevé en janvier et en février. Les chercheurs n'ayant pas fait de suivi sur les patients ne savent pas combien de temps le virus est resté dans le sperme, ni s’il a pu être transmis à un partenaire sexuel, selon une information du Los Angeles Times

Une première étude déjà publiée en avril

Ce n'est pas la première fois que des chercheurs s'intéressent à la présence du coronavirus dans le sperme. En effet, une première étude américaine-chinoise, menée au sein de l'Université de l'Utah et passée inaperçue du grand public, a été publiée en avril 2020 dans la revue Fertility and Sterility. Le but était d'estimer les taux de transmission secondaire du SARS-CoV-2 au sein de la famille et notamment chez les conjoints de patients. 

Contrairement à l'étude chinoise publiée jeudi 7 mai 2020, ils n’ont identifié aucune trace du virus SARS-CoV-2 dans le sperme ni dans les testicules des participants.  Les chercheurs ont néanmoins souhaité vérifier que le virus n’avait pas infecté les testicules où se forment les spermatozoïdes. Si le virus se trouvait dans les testicules mais pas dans le sperme, il ne pourrait pas être transmis sexuellement mais pourrait endommager à long terme la production de sperme.

Cependant, les mêmes réserves s'appliquent pour cette étude que pour celle publiée le jeudi 7 mai 2020 : l’échantillon testé (34 hommes) est trop faible pour être vraiment pertinent. De plus, les recherches ont été menés auprès de patients ayant présenté des formes modérées de Covid-19, ce qui pourrait limiter le risque d'infection du sperme, comparativement à un patient plus sévèrement malade, et donc porteur d’une charge virale plus élevée. 

Des risques minimes de transmission

Les scientifiques restent donc mesurés face aux résultats, l'insuffisance de données pour cette étude ne leur permettant pas d'exclure totalement le risque de transmission sexuelle. Ils estiment toutefois que ce risque, s’il était avéré, serait extrêmement minime. Mais, dans ce cas, «cela pourrait avoir des implications majeures pour la prévention et la santé reproductive » , selon le Dr James M. Hotaling, co-auteur et professeur agrégé d'urologie spécialisé en fertilité masculine. 

Et, en toute logique, l'étude alerte sur le risque de transmission de la maladie lors d'une relation sexuelle : « A ce stade, nous n’avons pas identifié la présence de virus dans le sperme des patients de cette étude qui se remettaient de formes légères à modérées de la maladie. Cependant nous rappelons qu'un contact intime peut augmenter le risque de propagation de la maladie par la toux, les éternuements et les baisers. » 

Les gestes-barrière même dans la chambre à coucher ? « Pour un couple qui vit ensemble, la question ne se pose pas car le risque de contamination existe du fait de la cohabitation. En revanche, la question peut se poser en effet, dans le cas d'une relation occasionnelle, mais cela tombe sous le coup du bon sens actuellement », conclut un médecin généraliste dionysien, qui préfère l'anonymat pour ne pas risquer de passer pour un "père la pudeur"...

Et rappelons-le, pour l'instant, à La Réunion, le risque de contamination est extrêmement limité... mais pas inexistant. Alors que le déconfinement demain, 11 mai, peut paraître un soulagement et un retour vers un minimum de liberté, restons à bonne distance... 

Mireille Legait / www.formeetbienetre.re / Le quotidien santé de La Réunion