1- La contamination pendant la grossesse est rare

Seulement 0,2% à 2,4% des femmes enceintes (chiffres France entière) contractent la maladie pendant la grossesse. Les conséquences de la transmission mère/fœtus sont plus rares mais plus graves au cours du premier trimestre (mort in utero ou séquelles psychomotrices importantes).

A retenir En cas d’infection, un suivi prénatal permet d’estimer les risques pour le bébé. Mais il faut garder à l’esprit que la majorité des foetus infectés au premier trimestre n’ont pas de séquelles.

2- La gravité des séquelles est variable

Lorsque la future maman est contaminée pour la première fois par le cytomégalovirus, le risque de transmission au foetus est 30 à 40%. Et parmi les bébés concernés, 10% « seulement » pourront souffrir de séquelles : surdité congénitale (5%), cécité partielle ou totale, atteintes cérébrales ou retard de croissance intra-utérin.

Si la maman a déjà été infectée avant la grossesse, la résurgence de l'infection pendant la grossesse aura des conséquences fœtales beaucoup plus limitées qu’en cas d’infection maternelle primaire : ictère, atteintes hépatiques, retard de croissance…

A retenir Certes environ 30% des nourrissons sévèrement infectés meurent (car il y a des strates dans l’infection) et 80% des bébés survivants auront des troubles neurologiques de gravité variable. Mais répétez-vous l’essentiel comme un mantra : moins de 3% des femmes enceintes sont contaminées pendant la grossesse ! Et tous les fœtus des femmes enceintes contaminées ne sont pas infectés ou ne développent pas de séquelles.

3- On peut dépister l’infection fœtale à l’échographie

Le diagnostic peut être posé à l’échographie en fonction de critères précis. Ou une amniocentèse peut être pratiquée pour analyser in vitro le liquide amniotique et mettre en évidence par culture le virus mais les résultats ne sont pas toujours fiables. Et puis la mise en culture demande du temps (environ trois semaines).

L’atteinte fœtale peut aussi être confirmée par une méthode d’analyse de l’ADN appelée PCR qui permet de dupliquer en grand nombre une séquence d’ADN ou d’ARN (molécule proche de l’ADN) et dépister ainsi des virus.

A retenir Lorsque l’atteinte fœtale est avérée, une interruption médicale de grossesse peut être proposée. Mais ce n’est pas le cas en revanche pour la contamination de la future mère, tant que l’atteinte fœtale n’est pas confirmée.

4- Les mesures de prévention sont possibles

Il n’est bien entendu pas question de cesser d’embrasser votre aîné pendant tout le temps de votre nouvelle grossesse. Pas davantage de devoir désinfecter toute votre maison et porter des gants pour changer la couche de votre aîné. Vous pourriez être tentée d’imposer le préservatif à votre compagnon au prétexte qu’il aurait peut-être été contaminé par votre enfant en lui faisant sa toilette ou des bisous trop baveux. Et pourtant, ça n’est pas nécessaire du tout !

A retenir

Pour éviter la contamination, il suffit de se laver les mains après avoir changé bébé, d’éviter les bisous sur la bouche de bébé ou de sucer des objets que bébé a mis dans sa bouche, telles que cuillère ou tétine.

5- Le dépistage n’est pas systématique

Facultatif, le dépistage du CMV est parfois prescrit en même temps que d’autres dépistages, tels que la toxoplasmose, la rubéole et l’hépatite B. Mais tout dépend de la sensibilité à cette pathologie du gynécologue, de la sage-femme ou du médecin généraliste qui suit la future maman.

La plupart des femmes enceintes n’ont pas besoin d’être dépistées si elles ne travaillent pas au contact d’enfants en bas âge. Lorsque c’est le cas, le dépistage est généralement prescrit mais pas forcément l’arrêt de travail. Certains pays le font, notamment la Belgique et le Québec, mais cette mise en retrait tient compte d’autres facteurs de risques pour la femme enceinte en contact avec de jeunes enfants, comme les chutes, les coups dans le ventre et les maladies infectieuses. Oui, c'est vrai, en France aussi ces risques existent, mais voilà, la législation est plus optimiste chez nous...

A retenir

Si vous travaillez au contact de jeunes enfants, ne paniquez pas : moins de 3% des grossesses sont concernées par une infection CMV et les atteintes néonatales graves sont très rares et en général dépistées à l’échographie. La meilleure des préventions reste les gestes d’hygiène évoqués plus haut.

*Sources "Séroprévalence de l'infection à cytomégalovirus et infections congénitales en métropole et dans les départements d'outre-mer", Thèse de doctorat en médecine d'Audrey Hermellin-Marchetti, octobre 2017, Université de Limoges.

A SAVOIR

Ce cytomegalovirus est un virus de la même famille que la varicelle et l’herpès. Si le virus se balade à son aise chez les adultes, la grande majorité des personnes qui le contractent ne développent aucun symptôme, ou juste de la fièvre et des courbatures. Dans de rares cas, le virus attrapé par la femme enceinte peut contaminer son foetus (1% des naissances totales).

Mireille Legait / www.formeetbienetre.re / Le quotidien santé de La Réunion