Fébriles, grognons et sans appétit... ce sont souvent les symptômes repérés par les jeunes parents dans les trois jours qui suivent une vaccination. Et c'est partout pareil. Ainsi, en Grande-Bretagne, à la suite de l’introduction du vaccin anti-méningococcique B, la proportion d’enfants fébriles après vaccination a augmenté ; 50 % à 60 % des enfants ont eu une température supérieure à 38 °C.

Rien de très inquiétant à première vue, la prise de paracétamol étant recommandée après l’injection et si nécessaire, plus tard à 6 heures d’intervalle entre deux prises. Sauf qu'une température supérieure ou égale à 38 °C avant l'âge de 3 mois est un motif d’inquiétude légitime : " 10 % à 15 % des enfants fébriles d’apparence normale ont, à cet âge-là, une infection bactérienne sérieuse", souligne un pédiatre. "Cette proportion a conduit à élaborer des protocoles de bilan et de traitement qui ne tiennent pas compte d’une vaccination, car la prévalence des infections bactériennes dans les 72 h suivant une vaccination n’est pas connue", analyse le Journal International de Médecine, dans son édition du 20 juillet 2020.

Une étude pour y voir clair

Des pédiatres Irlandais (Dublin) ont mené une étude rétrospective sur les dossiers de nourrissons âgés entre 6 et 12 semaines et qui se sont présentés aux urgences entre 2016 et 2018 pour une fièvre ≥ 38 °C dans les 72 h suivant une vaccination ou sans avoir eu de vaccin. Tous les enfants n’ayant pas eu un bilan infectieux complet, seuls ont été retenus ceux qui avaient au minimum bénéficié d’un examen cytobactériologique des urines.

Au total, parmi 198 nourrissons, 60 avaient été récemment vaccinés : 38 (63,3 %) dans les 24h, 16 (26,6 %) 24 à 48 h plus tard et 6 (10 %) entre 48 à 72 h. L’âge moyen était de 9 semaines ± 1,8 et 60 % étaient des garçons. Dans les deux groupes, la température se situait entre 38 °C et 39 °C. Chez les vaccinés, aucune hémoculture (sur 38) n’était positive ni aucun LCR sur 19 ponctions lombaires n’a révélé une méningite bactérienne mais cependant 2 cas d’infection à herpès virus (HHV6) ont été identifiés. En revanche, 3 uro-cultures étaient positives à E. coli conduisant à une antibiothérapie.

Des résultats assez rassurants

Parmi les 138 nourrissons non vaccinés, qui ont eu au total 84 ponctions lombaires, une seule méningite bactérienne a été diagnostiquée, une hémoculture était positive et 19/138 (14 %) avaient une infection urinaire.

Au total, la prévalence des infections bactériennes sur l’ensemble des nourrissons a été de 12,5 % : 5 % chez les vaccinés, uniquement des infections urinaires dans les 24 h suivant le vaccin vs 15 % chez les non vaccinés (P = 0,056).

L’aspect de ces enfants fébriles était un guide imparfait : chez les vaccinés 6 (10 %) présentaient un examen clinique compatible avec une infection vs 39 (28,3 %) des non vaccinés (P = 0,008). Cependant, un seul de ces 6 nourrissons d’apparence septique avait une infection bactérienne (urinaire) et un autre une méningite virale et d’autre part, 2 enfants infectés présentaient un aspect normal. Dans le groupe des non-vaccinés, 5 enfants seulement sur 20 infectés avaient un tableau septique et 34 sur 39 n’avaient pas d’infection bactérienne.

En conclusion, dans cette étude, la prévalence des infections bactériennes chez les petits nourrissons vaccinés fébriles est faible mais pas nulle. Il faut donc toujours être attentif face à un épisode fébrile chez le tout-petit après vaccination et aussi sans vaccination. Le résultat de cette étude pose le problème non résolu de l’indication d’un bilan infectieux comportant au minimum un examen des urines.

www.formeetbienetre / Le quotidien santé de La Réunion avec JIM/ Pr Jean-Jacques Baudon