Les laboratoires d'analyses biologiques privés ont désormais le droit de réaliser des tests de dépistage du Covid-19. L''annonce en a été faite dans la soirée du dimanche 22 mars par la Directrice générale de l'ARS Réunion. Michel Sin, président de Cerballiance Réunion, nous a expliqué comment les procédures vont s'organiser, notamment avec des prélèvements en Drive, comme ce laboratoire en métropole en a l'habitude.
L’autorisation de ces tests, c’est un challenge pour Cerballiance ?
Michel Sin : Oui et non. Oui, parce que participer à ces dépistages, c’était urgent et nécessaire et que nous sommes en capacité de le faire. Aujourd’hui (ndlr, lundi 23 mars) nous pouvons pu réaliser deux séries de 70 tests, soit 140. Non, parce que nous sommes très habitués à utiliser les techniques de PCR pour d'autres recherches virales et bactériennes. Ce n'est pas une technique nouvelle pour nos équipes.
Justement, comment se déroulent ces tests ?
Michel Sin : Il s’agit d’un prélèvement naso-pharyngé (nez, gorge, nasopharynx) qui se fait à l’aide d’un petit écouvillon inséré dans le nez. Ces tests sont obligatoirement faits par des médecins voire des infirmiers spécifiquement formés. Ce n’est pas un prélèvement très agréable, ça n’est pas dangereux et c’est nécessaire. L’échantillon est ensuite analysé pour rechercher l’ARN du coronavirus et confirmer le diagnostic.
Peut-on demander une prescription à son médecin pour se faire tester par mesure de précaution. Ou demander à ses frais un test de dépistage ?
Michel Sin : Non. Les seuls publics concernés par le dépistage sont des patients présentant des symptômes forts sur prescription médicale. Les médecins traitants sont maintenant autorisés à en prescrire. Par ailleurs, tous les soignants revenant de voyage sont également testés à partir du 5ème jour de confinement afin de leur permettre de reprendre leur travail s'ils ne sont pas positifs. Les soignants symptomatiques sont aussi systématiquement testés.
Concrètement, comment allez-vous faire pour accueillir quelque 150 personnes par jour ? Ne risquez-vous pas de contaminer fortement vos locaux et donc vos salariés et les patients ?
Michel Sin : Nous avons obtenu de l’ARS le droit d’installer des prélèvements en Drive; comme ça se fait déjà en métropole. C’est-à-dire que les patients n’entrent pas chez nous. Ils viennent en voiture, restent dans leur voiture où nous effectuons le prélèvement. L’avantage du Drive n’est pas que pour les biologistes, les patients ne vont pas rencontrer d’autres patients atteints. On limite pour tout le monde le risque de contamination.
Les prélèvements pourraient se faire à domicile, mais ce serait une grande perte de temps et d’énergie. C’est pourquoi nous avons demandé à l’ARS la mise en place d’un Drive, demande qui a été acceptée. Le premier a ouvert au Port mardi après-midi et les deux autres ouvrent jeudi à Sainte-Clotilde et à Mont Caprice. Les patients seront reçus sur rendez-vous uniquement. Patients symptomatiques et sur rendez-vous exclusivement.
Tous les laboratoires d’analyses biologiques sont donc concernés par cette autorisation de prélèvements. Combien de tests journaliers pourraient être effectués ?
Michel Sin : Sans doute 400 à 500 par jour à plein régime. Mais tout dépend de l’arrivée des réactifs. On les attend. Pour l’instant, à Cerballiance, nous avons un stock de 700 réactifs, nous pouvons tenir la semaine en attendant le prochain arrivage. .
Que pensez-vous des mesures prises ?
Michel Sin : Il faut impérativement respecter les mesures qui ont été prises, à savoir le confinement. C’est très sérieux. Nous sommes à 10 000 kilomètres de Paris. Ce ne sont pas Maurice et Madagascar et encore moins Mayotte qui pourront nous venir en aide si on est submergés par le nombre de cas. Nous n’avons qu’un peu plus d'une centaine de lits de réanimation. En métropole, Strasbourg peut demander de l'aide à Bordeaux, Lille à Montpellier. Mais nous, on est tout seuls.
Se confiner, c’est retarder le moment où nous allons attraper ce virus. Et donc cela permet de ne pas embouteiller les services de pneumo et de réanimation et d’éviter aussi de contaminer tout le corps médical réunionnais.
Il faut respecter absolument ces mesures de confinement. Ne sortir que si c’est indispensable. Ce n’est pas drôle, mais c’est vital. Si on ne le respecte pas, il y aura des décès, ça c’est sûr. Il n’y a que le confinement qui peut nous sauver... ou du moins éviter un maximum de décès.
Propos recueillis par Mireille Legait / www.formeetbienetre.re / Le quotidien santé de La Réunion
Votre avis nous intéresse, soyez le premier à vous exprimer !