A 18 mois, il s’essaie à la logique
Au quotidien, il sait repérer les signes qui ne trompent pas. Maman met son manteau, attention, ne va-t-elle pas sortir sans lui ? Le voilà prêt à nous dire notre fait à grand renfort de décibels. Mais maman attrape ses clés de voiture et son petit gilet à lui… ouf, il est de la balade, youpi !
Il a pris son goûter il y a un moment, la porte du jardin claque, chic : c’est le soir, voilà papa qui rentre ! Mais bébé ne s’en tient pas là : il est désormais capable de se représenter mentalement et durablement un objet dans l’espace. Il se souvient où il a oublié son jouet et va le chercher. Mieux encore : confronté à une difficulté (son jouet placé en hauteur), il va chercher par quels moyens arriver à ses fins (récupérer le dit jouet).
Il tente des solutions et si ça ne marche pas, il en essaie une autre. Non sans avoir piqué au passage, parfois, une petite colère de frustration devant l’inutilité de ses efforts.
2 ans, l’âge de tous les possibles
A l’âge de 2 ans, l’enfant a dans le cerveau deux fois plus de synapses que ses parents. La période de prolifération des connexions cérébrales correspond au stade où l’enfant découvre à chaque instant des choses nouvelles. Au terme des dix premières années, les synapses ont encore de beaux jours devant eux. Mais ils sont comptés.
Dix ans plus tard, la moitié a été éliminée, ce qui veut dire que l’assimilation d’une nouvelle information sera beaucoup plus limitée à l’âge adulte. Par exemple, un jeune enfant apprend facilement une seconde langue, alors qu’un adolescent rencontre déjà quelques difficultés d’apprentissage. Mais pour l’adulte, l’expérience peut être vraiment laborieuse, même vivant dans le pays concerné.
A 3 ans, que de questions !
A la fin de la deuxième année, l’enfant commence à se représenter mentalement des choses, ce qui l’entraîne à imaginer une action avant de la réaliser. Il ébauche un geste, se ravise, en fait un autre.
Dans le même temps, il apprend à structurer son langage. Il s’exprime plus facilement. Mais s’il ne parle pas encore comme un adulte, c’est parce qu’il ne pense pas comme un adulte. Il n’a pas forcément besoin des mots pour communiquer avec nous. Pendant deux ans, il ne s’est pas si mal débrouillé, entre mimiques, pleurs, cris, rires, grimaces et autres modes d’expression.
En fait, le langage lui sert à renforcer son fonds documentaire : d’où ses perpétuels « dis, m’man, pourquoi ? ». Les questions fusent souvent à l’emporte-pièce, sans lien les unes avec les autres, au gré des sollicitations visuelles. Le « pourquoi » de l’enfant balaie beaucoup plus large que le nôtre : cause, effet, moyen, but, l’enfant veut tout savoir. Il relie souvent des faits ou des éléments qui n’ont aucun rapport entre eux.
Il n’a pas encore accès à la logique de déduction (appliquer des règles à des cas particuliers) ni à la logique d’induction (formuler des règles à partir d’un cas). En revanche, il pense que sa pensée est toute puissante : ce qu’il sait vouloir, il pense pouvoir l’obtenir. De même, sa pensée se veut très matérielle. S’il en a rêvé, c’est que ça existe (les monstres, etc.). Il confond encore lui-même et ce qui est extérieur à lui, l’objectif et le subjectif. Par ailleurs, il aime jouer « à faire comme si ».
A 4 ans, il prend conscience de l’autre
Plus petit, bébé croyait dur comme fer à la pensée unique : penser autrement que lui, impensable ! Il avait envie de se lever ? Forcément, maman aussi. Maintenant, il admet – un peu - que les choses peuvent être différentes pour les autres.
Il adore jouer aux jeux d’imitation, ce qui lui permet d’affronter ce qui lui pose problème. Ainsi, en jouant à la marchande, l’enfant expliquera doctement à sa partenaire-marchande qu’il doit acheter des légumes pour ses enfants car c’est bon pour eux.
Les interdits, les tabous, les tensions familiales ressortiront dans ces jeux, car c’est un moyen pour lui d’ordonner sa pensée, de réfléchir et de dépasser ce qui l’interpelle parfois douloureusement. Il apprend la concession dans les jeux de groupe, car il devine que, sinon, il devra jouer seul.
Alicia Rueil / www.formeetbienetre.re, Le quotidien santé de La Réunion
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