Mal de dos, maux de crâne... Ce sont les douleurs aiguës les plus courantes. Mais d'autres bobos troublent le quotidien de nombreuses personnes : les rhumatismes, l'arthrose, l'endométriose... Et puis, il y a les douleurs momentanées, telles celles générées par des suites opératoires, par l'accouchement et du post-partum, et les "cycliques" comme les menstruations. Estelle Rouquier, sophrologue à L'Etang Saint-Leu, s'est spécialisée dans le traitement de ces inconforts. Elle nous explique comment nous en libérer et retrouver la quiétude.
Un Français sur deux subit une douleur une douleur aiguë ou chronique, selon un sondage CSA*. Même unis dans la même fatalité marquant l'espèce humain, quand on est face à une douleur chronique, ça peut vite virer au cauchemar…
« La douleur chronique, contrairement à une douleur aiguë, est une douleur qui dure depuis 3 à 6 mois malgré un traitement antidouleur. Si elle a été causée au départ par un traumatisme ou une pathologie, elle peut subsister même s’il y a eu guérison. C’est anxiogène, parce qu’on n’en comprend pas la cause et on ne connait pas les moyens de s’en débarrasser », analyse Estelle Rouquier, sophrologue.
La gestion de la douleur est un motif fréquent de consultation en sophrologie. Il ne s’agit pas de nier l’intérêt de la prise en charge médicale de la douleur, qui est une priorité de santé publique inscrite dans le Code de santé publique depuis 2004, mais d’apporter une approche complémentaire quand la douleur chronique résiste aux traitements.
Apprendre à respirer
Dire son ressenti et avoir le sentiment d’être entendu par le thérapeute est le premier pas vers l’amélioration du ressenti. Ensuite, le travail va porter sur la respiration : apprendre à respirer par l’abdomen et à contrôler son souffle.
Une personne qui souffre a souvent une respiration bloquée et localisée sur le haut du corps. Or, la respiration profonde, abdominale, est bénéfique aux muscles. Elle joue notamment un rôle très important au niveau des douleurs dorsales : le diaphragme stabilise la colonne vertébrale, comme les muscles abdominaux. A l’inspiration, sa partie centrale descend, ce qui augmente la pression à l’intérieur de l’abdomen et procure plus de stabilité.
En cas de stress – et la douleur est un stress - tous nos muscles augmentent leur tonus pour permettre au corps de réagir. « Quand on souffre, on se crispe sur sa douleur et en faisant cela, on bloque la douleur qui s’intensifie. Les muscles, sur-sollicités, se fatiguent et n’éliminent plus les toxines. Et la douleur s’installe. Pour être soulagé, il faut se détendre, en respirant profondément, afin de laisser la douleur s’échapper. La détente, c’est ce que qu’apporte la sophrologie », souligne Estelle Rouquier.
Visualiser pour mieux se relaxer
Une fois la respiration abdominale en place, l’autre outil de gestion de la douleur, c’est la visualisation d’images positives. Toute image mentale positive se répercute à la fois sur le psychisme et sur le corps. En fait, c’est un jeu de trompe-l’œil : notre cerveau ne fait pas la différence entre une image réelle et une image « imaginaire » ce qui permet au vécu imaginaire d’être géré par le cerveau comme une expérience vécue.
Les images positives, réelles ou « visualisées » ont toutes la faculté d’inciter le cerveau à sécréter un neuro-transmetteur, l’endorphine, souvent appelée « l’hormone du bonheur ». L’endorphine est appelée ainsi parce qu’elle n’est libérée que lorsque nous sommes au calme ou saisis par des émotions positives : orgasme, fou-rire, plaisir gustatif, saine fatigue après un footing….
Tous les sens peuvent être sollicités pour obtenir cette libération des endorphines : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût. Le rôle du sophrologue est de guider son patient, par le son de sa voix, pour que ces images, ces couleurs, ces sons, ces odeurs que son patient aime, prennent le pas sur la douleur. Le patient apprend petit à petit à s’auto-relaxer : « Dans de nombreux cas, deux ou trois séances seront nécessaires. Parfois, il en faudra davantage », conclut Estelle Rouquier.
Mais dans la grande majorité des cas, la sophrologie permet de réduire notablement et durablement les douleurs chroniques, en soulageant les tensions du corps et parfois de l’esprit…
*Sondage réalisé pour le Laboratoire Sanofi à l’occasion de la Journée Mondiale de lutte contre la douleur en 2018.
A SAVOIR
Pour traquer la douleur chronique dans ses derniers retranchements, il faut aussi travailler sur ses convictions inconscientes. Par exemple, celle qui dit que c’est « normal » d’avoir mal pendant les règles. On le croit, parce que nos mères et grand-mères nous l’ont dit et redit, agrémenté d’un péremptoire : « C’est comme ça, ma fille ! ». Revoir ses « croyances », c’est casser le cercle vicieux de la fatalité. Un travail que la plupart d’entre nous peut mener avec la seule aide du sophrologue. Dans les cas plus complexes, avec dévalorisation profonde de soi et dépression, le recours à un psychologue ou à un psychiatre est nécessaire, la sophrologie venant alors en soutien.
NOTRE EXPERT
Estelle Rouquier, sophrologue
Diplômée de l'Ecole Française de Sophrologie de la Réunion et formée à la prise en charge de la douleur à l'école Michèle Freud Formations, elle est aussi sophrologue référente du Pôle Sophrologie et Acouphènes.
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