Selon certaines études, curieusement, les femmes enceintes seraient en général peu ou pas symptomatiques. Elles n’auraient donc pas besoin d'un traitement systématique ni d'une hospitalisation. Cependant, selon le Dr Catherine Varicot qui publie un article documenté dans le Journal International de Médecine, elles doivent être surveillées pendant au moins deux semaines pour qu’une éventuelle détérioration respiratoire ne soit pas ignorée. « Certaines publications ont rapporté que des femmes enceintes infectées, présentant des symptômes respiratoires, avaient reçu un traitement antiviral », précise le Dr Varicot.
Que penser des quatre stratégies en cours d’études ?
Les études portent majoritairement sur 4 produits : le remdesivir, l’hydroxychloroquine, l'association lopinavir/ritonavir et la ribavirine.
Le remdésivir Ce médicament antiviral est inclus dans trois études de phases 3 en cours. Son efficacité a déjà été démontrée face à d'autres coronavirus, et "in vitro" contre le SARS-CoV-2. Le remdésivir a fait l'objet de prescriptions compassionnelles. « Pour la femme enceinte, une seule étude randomisée (6 cas) a rapporté son utilisation lors d’infections à virus Ebola, sans signaler d'effets délétères », précise le Dr Varicot.
L'hydroxychloroquine On ne la présente plus, tant elle a nourri de débats plus ou moins éclairés sur les réseaux socieux. Connue de longue date pour son efficacité thérapeutique contre les maladies auto-immunes et le paludisme, l’hydroxychloroquine a fait l’objet d’études récentes qui ont montré ses propriétés antivirales et son action "in vitro" contre le SARS-CoV-2. « Elle a été prescrite chez des patients infectés par le SARS-CoV-2 avec des résultats très controversés, et des études de phases 3 sont en cours afin d'étudier son intérêt en prévention et à différents stades du Covid-19 », souligne le Dr Varicot, qui ajoute que « l'ancienneté et la large diffusion de l'hydroxychloroquine contre le paludisme ou les maladies auto-immunes rassurent en ce qui concerne son innocuité pendant la grossesse ».
Lopinavir/Ritonavir Cette association de deux molécules inhibitrice de protéase virale, est utilisée dans le traitement du SIDA. « Elle a déjà été administrée à des patients infectés par le SARS-CoV-2, mais une première étude randomisée contrôlée n'a pas établi qu'elle apportait un bénéfice supplémentaire au traitement "standard" des formes sévères », analyse le Dr Varicot. Qui émet toutefois une réserve : « Cette association a été suspectée de favoriser les accouchements prématurés ».
La ribavirine Cette antiviral a été utilisée pendant des années dans le traitement de l'hépatite C chronique. Elle aussi est active "in vitro". Des études chinoises conduites récemment n’ont pas démontré son efficacité de manière certaine. « Des effets tératogènes dans toutes les espèces animales testées contre-indiquent son utilisation chez les femmes enceintes et chez leurs partenaires », alerte le Dr Varicot.
Les spécificités à prendre en compte
« En cas de contamination, la priorité serait de ralentir sinon stopper la progression clinique de l'infection et son évolution vers un syndrome de détresse respiratoire », explique le Dr Varicot. Ceci afin d’éviter le risque d’accouchement inopiné et donc la prématurité de l’enfant.
Autre priorité, et non des moindres, diminuer la charge virale et la durée de contagiosité des femmes enceintes infectées. « L'infection, tout en perturbant la surveillance de la grossesse, expose les professionnels de la grossesse et de la naissance », conclut notre expert. Certes, pour prendre en charge les futures mères et assurer un bon suivi de grossesse et une naissance sécurisée, il faut disposer d’équipes obstétricales en bonne santé… donc non contaminées.
Enfin, si la femme enceinte se révèle être un « cas contact », c’est-à-dire avoir été en contact avec une personne malade, son médecin devra mettre en place un traitement préventif. Ce qui sous-entend de penser à téléphoner à sa sage-femme ou à son médecin traitant, généraliste ou gynécologue-obstétricien, si vous avez été en contact avec une personne infectée par le SRAS-CoV-2.
Une bonne nouvelle
Puisqu’il ne faut pas inquiéter sans bonne raison les futures mamans, rappelons que l’épidémie de Covid-19 semble être plutôt sous contrôle à La Réunion, qu’aucun décès n’a encore été signalée et qu’hier, il n’y avait plus qu’un seul patient en réanimation. Un service qui n’a jamais été en tension, le maximum des patients transférés en réanimation n’ayant jamais dépassé – pour l’instant – le nombre de cinq. Plutôt une bonne nouvelle, non ?
Et rappelons-nous que la meilleure prévention, c’est le lavage des mains fréquent, le respect des gestes barrière et surtout du confinement pendant les quinze jours qui précèdent le déconfinement progressif.
Sources études
Faure Bardon V et coll. How should we treat pregnant women infected with SARS‐CoV‐2? BJOG 2020 ; publication avancée en ligne le 23 avril. doi.org/10.1111/1471-0528.16270
Alixane Nicolas / www.formeetbienetre.re / Le quotidien santé de La Réunion
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